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AA-Info n.7 - Janvier 2025
« Priez pour que je me convertisse au moins cette année »
Roma
« Priez pour que je me convertisse au moins cette année. » Ces paroles sont du P. Emmanuel d’Alzon, dans une correspondance adressée au P. Vincent de Paul Bailly, en décembre 1876 – soit quatre ans seulement avant sa mort. Le P. d’Alzon, quand il parle de perfection ou encore de la pureté la plus grande, met la barre toujours plus haut. Parfois on a l’impression d’écouter quelqu’un qui a déjà fait son chemin et qui ne fait que motiver les autres à le suivre. Et pourtant, le même D’Alzon ne cesse de parler de la conversion dont il a encore besoin.
Avec ce ce numéro de AA-info du début d’année, j’aimerais évoquer ce souhait qui est aussi une prière du P. d’Alzon. Les festivités de Noël et du Nouvel an sont souvent agrémentées d’une multitude de messages qui expriment des souhaits. Beaucoup m’ont souhaité une bonne et heureuse année, me promettant des prières pour que j’aie une bonne santé, la paix du cœur, le succès, la sérénité, le courage, etc. Peut-être que j’aurais été surpris, très surpris d’ailleurs, si j’avais reçu un message comme celui-ci : « Je prie pour ta conversion. » Et pourtant j’en ai besoin.
Oui, nous avons tous besoin de nous convertir quelque part. Il ne suffit pas de le dire. C’est peut-être un premier pas, mais pourquoi n’avançons-nous pas ? Le P. d’Alzon répond à cette question : « La plupart des personnes pieuses sont arrêtées dans leurs progrès vers la perfection, parce qu'elles ne combattent pas assez énergiquement leurs défauts ; et elles ne les combattent pas, parce qu'elles n'ont pas assez l'horreur des péchés où ces défauts les entraînent. » (E.S. p. 1233)
Notre Fondateur nous exhorte donc non seulement à être conscients du besoin de la conversion, mais aussi d’avoir le courage de nous décider enfin à entreprendre généreusement l'œuvre de notre conversion (E.S. p. 1239). Je suis très sûr que nous avons tous essayé et si ça n’a pas marché la première et la deuxième fois, et nous avons abandonné le combat. Saint Augustin a fait la même expérience. Mais il s’en est sorti finalement. Il nous livre son secret dans un commentaire du Psaume 33. Tout en reconnaissant que nous ne serons jamais parfaits ici sur terre, il nous invite tout de même à essayer toujours.
Même si on parle des conversions communautaires nécessaires surtout pour progresser dans les voies de la paix, la justice et la fraternité en luttant contre ce que le Pape Jean-Paul II appelait les « structures de péché » présentes dans les sociétés, le P. d’Alzon évoque souvent les conversions personnelles. « Il faut que chacun se convertisse personnellement. La conversion doit se faire, non par masses, mais un à un. Même dans ces prédications où saint Pierre convertissait deux et trois mille Juifs, le Saint-Esprit descendait en chacun en particulier. Ce n'était pas affaire de résolution commune. » (E.S. p. 566)
Alors que nous entrons dans l’année jubilaire 2025, ouvrons-nous continuellement à l'appel de Jésus à la conversion : « Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1, 15) Comme le souligne notre Règle de Vie, cette conversion doit se vivre quotidiennement, surtout parce que nous vivons en communauté. Celle-ci est un lieu qui peut favoriser notre conversion. Mais n’oublions pas que cette même communauté devient le lieu par excellence pour éprouver notre conversion. Comme dans l’Évangile, nous devons apprendre à chasser nos « petits démons » et à parler de nouvelles langues de miséricorde et d’amour. Cela a toujours été notre désir. Il y a des moments où nous exprimons cette envie de changer, de progresser dans nos relations avec les autres, de nous défaire de nos vieilles habitudes, bref, de revenir à Dieu - mais la léthargie nous gagne. La triste réalité est que nous restons obstinés dans nos idées, nos caprices.
Mais nous n'oublierons pas que, dans son sens le plus profond, « la conversion est un don de Dieu, œuvre de la Trinité », comme le disait saint Jean-Paul II (Redemptoris missio, n. 46). Notre effort est donc de nous ouvrir à ce don qui vient de la Trinité. Que la miséricorde et l’amour de celui qui nous aime vraiment précèdent notre désir de conversion et accompagnent nos efforts.
Que ceux qui auront la chance de passer par la porte sainte cette année jubilaire 2025, n’oublient pas de prier pour notre conversion.
Belle année sainte 2025 !
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TRP Ngoa Ya Tshihemba, a.a.