Nouvelles
Noël, fête de lumière et de paix
Joyeux Noël et bonne année à tous !
Roma
Dans une correspondance du 14 décembre 1868 adressée à Marie-Eugénie de Jésus (Fondatrice des Religieuses de l’Assomption), Emmanuel d’Alzon notre fondateur disait ceci: « Il me semble que rien n'est admirable comme de profiter des fêtes de l'Église pour faire, chaque année, naître Jésus-Christ dans les âmes d'une manière plus parfaite à chaque fois, puis grandir, se développer dans l'imitation du divin Maître vivant en nous. » Pour Emmanuel d’Alzon, la fête de Noël était centrale. Le mystère de l’Incarnation occupe une place particulière dans sa spiritualité.
On peut le voir exprimer sa déception de ne pas pouvoir célébrer sa première messe le jour de Noël 1834 parce qu’il n’était ordonné prêtre que le lendemain. Voici ce qu’il disait à son père le jour même de son ordination : « Je n'ai pu, par conséquent, dire ma messe le jour de Noël, comme je l'espérais. Ce sera demain, jour de Saint-Jean, que je monterai à l'autel pour la première fois. » (Lettre à son père le 26 décembre 1834.) Il est aussi impressionnant de voir que de nombreux événements importants se sont produits pendant la saison de Noël. On peut citer le début de notre congrégation (1845), sa première profession religieuse (1850) et sa profession perpétuelle (1851). Et par surcroît, il a été déclaré Vénérable le 21 décembre 1991.
En vous souhaitant un Joyeux Noël, je ne suis donc pas en train de remplir une tâche protocolaire. Je suis convaincu, à la suite de notre fondateur, que la triple incarnation de Jésus Christ naissant à la crèche, sur l'autel, dans nos âmes est un mystère qui devrait nous absorber tout entier et tous les jours. Ce temps de Noël est propice pour nous le rappeler et nous y engager encore davantage. Dans une correspondance, le P. d’Alzon disait : « Je suis très préoccupé, de pousser quelques personnes à se donner à Notre-Seigneur plus particulièrement pour la fête de Noël. »
Dans un discours à la Curie romaine pour la présentation des vœux de Noël 2005, le pape Benoît XVI affirmait que la Nativité était une fête de lumière et de paix. Malheureusement certaines personnes passeront cette fête dans des conditions d’obscurité et de violence, loin de chez eux. Comme les déplacés des guerres. Une triste réalité qui nous met devant « un mal érigé en système », selon l’expression du pape Jean-Paul II.
« Voici le temps du long désir
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres. »
« Voici le temps du long désir » : c’est l’une des hymnes que nous avons chantées pendant ce temps de l’Avent. Oui, un rappel pour nous. La vraie Lumière et la vraie Paix viennent de Dieu. Nous avions donc raison de dire presque chaque jour : « Viens, Seigneur, ne tarde pas. » C’est le temps de persévérer dans l’espérance, parce que, comme nous le chantons dans la même hymne : Dieu est présent dans notre attente. Noël, un temps de lumière et de paix.
Laissons-nous pénétrer par les rayons de cette lumière qui vient de la crèche.
Alors que cette fête est désormais proche, j'adresse à chacun de vous un joyeux Noël, tout en vous souhaitant un renouveau spirituel à partir de l’exercice des vertus de pauvreté, obéissance, simplicité, etc. C’était aussi le souhait du Père d’Alzon aux Religieuses de l’Assomption (qui vaut aussi pour nous) dans une correspondance que je cite :
« Je veux vous souhaiter de bonnes fêtes de Noël (…) Je vous souhaite en même temps cinq vertus, qui me semblent comme les principaux rayons qui jaillissent de Jésus naissant, dans l'humilité de sa manifestation. Il veut naître dans une crèche pour nous prêcher la pauvreté ; il se laisse emmailloter par sa mère, porter, retourner en tous les sens pour nous apprendre l'obéissance. Marie le met au monde dans une étable, après avoir vu se fermer sur elle toutes les portes de Bethléhem : excellente leçon de l'acceptation du mépris des hommes. Qu'y a-t-il de plus simple qu'un enfant ? Je vous souhaite de le devenir comme Jésus au berceau. Pourquoi apparaît-il au monde ? Par amour pour la gloire de son Père et le salut des hommes. Telle est la sublime leçon de charité qu'il donne à son premier instant. » (Lettre aux Religieuses de l’Assomption, 17 décembre 1854.)
Nous sommes donc appelés à recevoir la lumière et la paix que l’Emmanuel (Dieu avec nous) nous donne et d’en être des témoins autour de nous. Mais pour reconnaître et accepter cette lumière, encore faut-il que nous reconnaissions d’abord nos obscurités. Voilà pourquoi D’Alzon ne cessait d’appeler ses frères et sœurs à l’humilité : une vertu indispensable pour tout assomptionniste, disait-il. Dans la correspondance citée plus haut, Emmanuel d’Alzon parle de l’humilité de la manifestation de notre Seigneur. Quelle que soit notre manière de témoigner de la vraie lumière et de la paix du Christ, nous pouvons le faire à travers une présence non triomphante mais réelle et efficace.
Les fêtes de Noël s’accompagnent aussi des sensations d’une année qui touche à son terme. Cela ne va pas sans les souhaits d’une nouvelle année dont nous voudrions qu’elle soit bonne, heureuse, et au cours de laquelle nous allons atteindre nos objectifs. Lesquels ?
Je termine par cette prière de notre fondateur : « O mon Dieu, donnez-moi la lumière, pour voir ce qui me manque ; la force, pour acquérir les vertus que je n’ai pas ! »
Joyeux Noël ! Bonne année !
Ngoa Ya Tshihemba, a.a, Supérieur Général