HISTOIRE DE LA MISSION D'ORIENT DES ASSOMPTIONNISTES
Le 20 décembre 1862, le P. Victorin Galabert (1830-1885) arrivait à Constantinople, pour les premiers pas de l’extraordinaire aventure missionnaire et spirituelle des Augustins de l’Assomption en Orient.
D’où vient la Mission d’Orient ?
Ce 3 juin 1862, à sa sortie d’une audience avec Pie IX, le P. Emmanuel d’Alzon est un peu interloqué. « Je bénis vos œuvres d’Orient et d’Occident », vient de lui lancer le pape. Or la toute jeune congrégation qu’il vient de fonder, les Augustins de l’Assomption, n’a pas d’apostolat en Orient. À peine hors de France ! Certes, les mots du pape sont tombés sur un terrain fertile : l’unité des chrétiens est une passion du P. d’Alzon.
Dans les années qui ont précédé, le P. d’Alzon a bien eu le projet d’établir un séminaire maronite au Liban, puis de racheter le Cénacle, à Jérusalem afin d’y établir ses religieux. Mais rien de très probant. Dès le 6 juin, le pape précise son projet : c’est à la toute jeune Église catholique bulgare, récemment unie à Rome, qu’il destine les assomptionnistes. Dès lors, les choses vont s’enchaîner. En septembre, le chapitre général décide l’envoi de religieux en Orient : premier volontaire, le P. Galabert s’embarque à Marseille fin novembre. Le 20 décembre, il est à Constantinople avant d’aller s’installer à Andrinople, aux portes de la Bulgarie.
Qu’a représenté cette mission ?
En quelques années, les assomptionnistes vont essaimer en Orient, bientôt aidés par les oblates de l’Assomption, fondées dès 1865 dans ce but par le P. d’Alzon. D’abord principalement en Bulgarie. En 1863, le P. Galabert est ainsi à Plovdiv où il fonde une école qui deviendra le collège Saint-Augustin. Jusqu’à sa confiscation par les communistes en 1948, celui-ci constituera l’un des établissements les plus prestigieux des Balkans. Dès 1882, les assomptionnistes sont aussi à Jérusalem où ils bâtissent pour les pèlerins qu’ils emmènent en Terre sainte une vaste hôtellerie Notre Dame de France, financée par les lecteurs du Pèlerin.
Le véritable objectif du P. d’Alzon, c’est la Russie. « Il le dit clairement », il s’agit de mettre fin au schisme. Et la route de Moscou, la « Troisième Rome », passe d’abord par Constantinople et la Turquie qui va devenir le centre intellectuel de la Mission d’Orient avec l’Institut d’études byzantines, fondées en 1895 puis transférées en 1937 à Bucarest (avant d’être rapatriées à Paris). Un apport décisif pour permettre à l’Église de redécouvrir le patrimoine oriental, même si l’objectif de ces religieux restera longtemps le retour des orthodoxes au bercail catholique. Il faudra attendre Vatican II pour que la Mission d’Orient prenne un tour résolument œcuménique. Entre-temps, guerres et glacis soviétique auront fait des ravages.
Quel est le sens actuel de la Mission d’Orient ?
Avec la Première Guerre mondiale, puis la guerre gréco-turque (1919-1922), les communautés assomptionnistes qui s’égrenaient en Turquie le long de la ligne ferroviaire Istanbul-Bagdad sont anéanties. Si les religieux se redéployent dans d’autres champs de la Mission d’Orient comme la Roumanie (1923), le communisme qui s’abat à l’Est va faire des ravages. Dès les années 1920 en Russie, Mgr Pie Neveu, un assomptionniste ordonné secrètement évêque, sera le seul évêque catholique de Russie, avant d’être interdit de séjour en 1936. Après la Seconde Guerre mondiale, le rideau de fer s’abat sur les religieux et leurs œuvres : les assomptionnistes étrangers sont expulsés, les autochtones emprisonnés voire exécutés, comme les trois martyrs bulgares Pavel, Kamen et Josaphat, fusillés en 1952 et béatifiés en 2002 par Jean-Paul II.
Il faudra attendre la chute du communisme, à partir de 1989, pour que les quelques assomptionnistes survivants sortent de l’ombre et que d’autres reviennent en Orient. Quel est le sens d’une Mission d’Orient qui, de la Russie à la Terre sainte, ne compte plus aujourd’hui que sept communautés et une trentaine de religieux ? « Que devons-nous faire ici ? », demandaient, en 2002, les assomptionnistes au patriarche Bartholomeos Ier de Constantinople. « Restez ! », implorait le primat orthodoxe, et le 33ème Chapitre général 2017, entendant la demande du Saint-Siège à notre Congrégation de « faire son possible, et même l’impossible » (cardinal Parolin) pour continuer à accompagner l’Église catholique bulgare de rite byzantin, appelle l’ensemble du corps assomptionniste à se mobiliser pour renforcer voire renouveler la communauté de Plovdiv, y compris par des religieux de rite latin et avec de nouveaux types d’apostolats. Il s’agit, là encore, d’actualiser notre charisme d’hommes de communion.
« Notre première mission est de faire exister l’Église catholique dans des pays à majorité orthodoxe et d’éviter tout prosélytisme. Nous nous occupons des catholiques sur place, nationaux ou étrangers. »
Autre mission : le dialogue avec l’orthodoxie. Le centre Saints-Pierre-et-André en Roumanie, était créé pour favoriser les relations entre les deux grandes confessions chrétiennes.
Troisième objectif, enfin, permettre à l’orthodoxie de redécouvrir son patrimoine : « Les Études byzantines ont été créées pour permettre à l’Occident de mieux connaître l’Orient. Elles permettent aujourd’hui aux orthodoxes de redécouvrir une partie de leur patrimoine et de le leur restituer. Il y a une vraie gratitude de leur part. »
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